Une écriture en eau claire
A propos de « Frontières liquides » de Daniel de Roulet
Je viens de refermer « Frontières liquides », la dernière fatigue de Daniel de Roulet. Rien à dire si ce n’est que je recommande.
A voir comment De Roulet décrit les coordonnées géographiques des lacs dont il va parcourir les rives, leur superficie, profondeur, débit, conventions internationales, on se dit qu’on pourrait aussi lui demander d’écrire le bottin du téléphone : on prendrait notre pied à le lire. Il écrit bien, le bougre, même vachement bien.
Lancé dans l’exploration de ces lacs frontaliers, de ces frontières liquides qui séparent deux ou plusieurs Etats, Daniel de Roulet nous fait voyager.
Des Balkans aux républiques baltes, d’Asie en Afrique, du Titicaca au lac Supérieur, de Constance au Léman, il arpente les rivages, ébahi devant la beauté de certains lieux, s’offusque du laisser-aller des Etats riverains, évoque de grands écrivains, maudit le réchauffement climatique, décrit un amour lacustre, rappelle les crimes -la conférence de Wannsee de janvier 1942, par exemple, mais pas seulement- qui y ont été perpétrés.
Tout à son périple, on le suit, cet écrivain qui sait s’émouvoir les pieds bien plantés dans le sol.
Il en avait déjà fait la démonstration dans « La Suisse en croix » où pour chaque coin idyllique qu’il découvrait et décrivait, c’était aussi un pan de l’histoire, récente ou moins, de ces coins qu’il nous racontait et faisait revivre. Pas nécessairement aussi idyllique, d’ailleurs…
Il en fait de même dans ce dernier opus qui, en plus de démontrer la fluidité des frontières lacustres, symbole de celle de toutes les frontières, nous remet le nez dans notre passé, que ce soit en Yougoslavie, sur le lac Victoria ou encore autour du Léman, auquel l’auteur consacre des pages enamourées (et pour cause !).
Le livre est super. On s’y plonge, même si de Roulet s’en abstient, lui, lorsque la vase et le plastique lui déconseillent la baignade.
Je le conseille malgré un bémol, celui concernant le Lac Majeur -près duquel je suis né et j’ai grandi- qui m’a laissé sur ma faim.
Mais c’est peut-être « uno sfizio di uno che ci é nato »…
Paolo Gilardi, 9 mai 2025
de Daniel de Roulet
Une écriture en eau de claire…
Je viens de refermer « Frontières liquides », la dernière fatigue de Daniel de Roulet. Rien à dire si ce n’est que je recommande.
A voir comment De Roulet décrit les coordonnées géographiques des lacs dont il va parcourir les rives, leur superficie, profondeur, débit, on se dit qu’on pourrait aussi lui demander d’écrire le bottin du téléphone : on prendrait notre pied à le lire. Il écrit bien, le bougre, même vachement bien.
Lancé dans l’exploration de ces lacs frontaliers, de ces frontières liquides qui séparent deux ou plusieurs Etats, Daniel de Roulet nous fait voyager.
Des Balkans aux républiques baltes, d’Asie en Afrique, du Titicaca au lac Supérieur, de Constance au Léman, il arpente les rivages, ébahi devant la beauté de certains lieux, s’offusque du laisser-aller des Etats riverains, évoque de grands écrivains, maudit le réchauffement climatique, décrit un amour lacustre, rappelle les crimes -la conférence de Wannsee de janvier 1942, par exemple, mais pas seulement- qui y ont été perpétrés.
Tout à son périple, on le suit, cet écrivain qui sait s’émouvoir, les pieds bien plantés dans le sol.
Il en avait déjà fait la démonstration dans « La Suisse en croix » où pour chaque coin idyllique qu’il découvrait et décrivait, c’était aussi un pan de l’histoire, récente ou moins, de ces coins qu’il nous racontait. Pas nécessairement aussi idyllique, d’ailleurs…
Il en fait de même dans ce dernier opus qui, en plus de démontrer la fluidité des frontières lacustres, symbole de celle de toutes les frontières, nous remet le nez dans notre passé, que ce soit en Yougoslavie, sur le lac Victoria ou encore autour du Léman, auquel l’auteur consacre des pages enamourées (et pour cause !).
Le livre est super. On s’y plonge, même si de Roulet s’en abstient, lui, lorsque la vase et le plastique lui déconseillent la baignade.
Je le conseille malgré un bémol, celui concernant le Lac Majeur -près duquel je suis né et j’ai grandi- qui m’a laissé sur ma faim.
Mais c’est peut-être « uno sfizio di uno ce ci c’é nato »…
Paolo Gilardi, 9 mai 2025