Contre la raison des armes, les armes de la raison!

Manifeste unitaire

Le début de « l’opération militaire spéciale » en Ukraine le 24 février 2022 a donné des ailes à celles et ceux qui dans les Chancelleries, depuis le début du XXI siècle, appellent de leurs vœux la remilitarisation de nos sociétés.

Ainsi, l’Union Européenne a adopté un plan de réarmement à la hauteur de 800 milliards d’euros, un montant qui s’ajoute aux investissements militaires propres des différents pays.

En Suisse, c’est un crédit 1,7 milliards de francs que les Chambres fédérales viennent d’adopter en faveur du programme d’armement 2025, alors qu’éclate le scandale d’Etat lié aux surcoûts à l’achat des bombardiers américains F-35A.

Les résultats de ces immenses investissements saute aux yeux : d’un côté ce sont la recherche universitaire, l’éducation, la protection de l’environnement, la solidarité internationale, le financement des ONG qui se voient privées de subventions, alors que c’est vers l’escarcelle des marchands d’armes que d’énormes richesses sont déplacées.

Ainsi, par exemple, le cours de l’action de Rheinmetall, entreprise d’armement allemande a passé de 100 euros le 23 février 2022 à 1900 euros à la fin septembre de cette année ! Il en va de même pour d’autres fabricants et marchands d’armes.

La remilitarisation ne passe pas que par les commandes militaires : elle s’organise également autour de la relance d’un discours et d’une propagande bellicistes, notamment par des tentatives de augmenter les effectifs des armées. Ainsi, par exemple, ce sont les conditions d’accès au service civil, que la majorité bourgeoise des Chambres fédérales vient de décider.

Sur le plan européen, un quart des 5% du PIB prévu pour le programme RearmEurop sont destinés à financer les infrastructures liées à la sécurité. C’est une manne qui permet par exemple au gouvernement d’extrême droite en Italie de déclarer le pont sur le détroit de Messine « d’intérêt stratégique » pour imposer des dépenses pharaoniques pour un projet controversé.

C’est un concept, celui de « l’intérêt stratégique », qui pourrait, à l’avenir, être invoqué pour restreindre le droit de grève dans un aéroport, le droit de manifester, la contestation de telle ou telle autre décision de l’autorité politique… De ce fait, c’est le fonctionnement démocratique de nos sociétés qui est menacé.

Pourtant, rien ne permet de croire que une telle remilitarisation permettrait de faire face à une guerre possible, à des guerres possibles. Bien au contraire !

Ce qui est sûr c’est que la course aux armements des uns ne peut qu’entraîner celle des autres. Comme le reconnaît un officiel allemand, l’affirmation de la supériorité technologique occidentale pourrait pousser « l’ennemi » à y faire face par le recours à l’arme létale dont il dispose à hauteur de presque 6000 têtes nucléaires !

La poursuite -et avec elle les deuils, les destructions, les drames, la suppression des libertés publiques, la pollution massive et à long terme- de la guerre en Ukraine tout comme le génocide a Gaza montrent exactement les limites de la guerre comme méthode.

Face à cela, il est grand temps de changer de cap sous peine d’une multiplication des tensions aux frontières, de pérennisation de conflits -il faut bien les utiliser ces armes et , renouvellement des commandes oblige, consommer ces munitions produites en quantité- au risque de leur généralisation.

A ce titre, nous forces soussignées, considérons que seul le recours aux armes de la raison -les règles internationales, le respect des droits humains et de la nature, le développement et le bien vivre en commun- permettent de faire face à la raison des armes.

Plus concrètement, nous :

  1. exigeons l’arrêt immédiat du programme d’achat d’avions de combat ;
  2. invitons la population à se mobiliser contre l’achat du bombardier F-35 et contre les dépenses militaires et les coupes qu’elles entraînent dans d’autres politiques publiques ;
  3. nous prononçons en faveur d’une grande manifestation nationale contre l’achat du F-35 avant fin novembre ;
  4. affirmons notre disponibilité à soutenir l’initiative turbo contre les F-35 dans la mesure où elle est lancée ;
  5. soutenons le référendum contre la limitation d’accès au service civil ;
  6. refusons l’institution d’une journée obligatoire de serevice militaire pour les femmes, fût-elle symbolique ;
  7. réaffirmons notre opposition à l’assouplissement de la loi interdisant l’exportation et la ré-exportation de matériel militaire suisse dans les pays en guerre ;
  8. nous engageons avec d’autres forces en Europe dans une large campagne de refus de la remilitarisation, du réarmement, des logiques de guerre et de la guerre comme moyen de règlement, par la force, des conflits.

Genève, novembre 2025

Signataires :

Groupe pour une Suisse sans armée – GssA, groupe régional Genève
Comité Halte à la guerre !
Syndicat Interprofessionnel des travailleuses et des travailleurs – SIT
Syndicat des services publics SSP-vpod
solidaritéS
Parti du Travail
Parti socialiste Ville de Genève
Le Silure
Centre Europe Tiers-Monde CETIM

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