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F-35A : le cumul des entourloupes

Il est médecin, socialiste, parlementaire fédéral. Lors des débats aux Chambres, il a pris la parole sept fois pour critiquer tel ou tel autre aspect du programme d’armement, qu’il a fini par… approuver. C’est que, Pierre-Alain Fridez n’est pas antimilitariste.

On lui doit pourtant une excellente dissection de la démarche d’achat du F-35A1. Écrit en deux semaines, son livre est un acte d’accusation. Y sont listées et expliquées les entourloupes qui ont jalonné la procédure de choix.

Après avoir souligné l’absurdité du recours à un bombardier furtif pour assurer la police du ciel, l’auteur pointe le fait que, contrairement aux votes précédents2 , c’est l’achat générique de nouveaux avions que, avec 8515 voix de différence – sur 3,2 millions de suffrages – le peuple a accepté en 2020.

Après, le gouvernement a choisi «l’avion aux 800 défauts3», le F-35A, recommandé par le chef de l’armée et Armasuisse, l’unité du DDPS qui a élaboré – et adapté en fonction de l’issue attendue – les critères d’évaluation, dont une partie, en violation de la Loi sur les marchés publics, reste inaccessible.

Ainsi, relève Fridez, Armasuisse a calculé le bruit du F-35A pour un nombre d’heures de vol inférieur à celui de ses concurrents. Est-il étonnant que le bruit d’un avion qui vole 20% de moins que ses concurrents soit inférieur au leur4?

Il en va de même pour la charge de carburant à l’atterrissage qui, pour le F-35 A est supérieure. Vues ses caractéristiques, il doit embarquer plus de fuel que les autres, avec beaucoup de chances que, au retour, ses réservoirs soient moins vides…

Idem, pour les coûts d’entretien, les modifications de moteurs nécessaires mais pas comprises dans le prix, etc. Les entourloupes s’accumulent. Sans parler du mythe du «prix fixe»…

Encore plus grave: l’arrimage du nouvel avion et de sa technologie à la maison mère (Lockheed Martin Aeronautics) en mesure d’en conditionner le vol, voire le décollage, n’a pas ému le Conseil fédéral.

Dès lors, la question se pose: qui avait intérêt à cet achat? Une commission d’enquête parlementaire – que Fridez appelle de ses vœux (p. 135) – devrait l’établir.

1 F-35 ou l’histoire d’une manipulation, Favre, Lausanne, 2025.

2 FA-18 en 1993 et Gripen en 2014.

3 Citons juste ceux inhérents aux trains d’atterrissage, aux sièges éjectables, à l’hyper-sophistiqué casque du pilote sans parler des défaillances du système d’approvisionnement en oxygène.

4 Est à signaler que le bruit émis au décollage et à l’atterrissage est deux fois supérieur à celui de l’actuel FA-18. Les voisins des aérodromes militaires apprécieront…

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