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21 août 1968


Je n’avais pas encore treize ans. C’est en début de soirée que, dans la cuisine-salle-à-manger-séjour de mon grand père, j’entendis sur les ondes de la Radio de la Suisse Italienne, l’appel de la porte-voix de Radio Prague.

« C’est le socialisme à visage humain qu’on voulait construire -disait-elle- dans la liberté. Et la liberté, c’est avec les chars qu’ils sont venus nous la prendre »

C’était la deuxième fois que le garçonnet était ainsi confronté aux malheurs du monde. La première, c’était juste quelques mois plus tôt. Toujours installé sur le banc d’angle, face à la cheminée, chez son pépé, il avait vu dans les pages d’un magazine un photoreportage sur le massacre de My Lay, au Vietnam, en mars 1968.

Et puis, en octobre de cette année 1968, il vit le point ganté de noir levé aux Olympiades de Mexico par Tommy Smith et John Carlos (dont j’aurai bien des années plus tard le plaisir de faire la connaissance à Chicago).

Trois moments qui, joints au fait que, à 73 ans le grand-père continuait tous les matins, faute d’une retraite suffisante, à travailler comme manœuvre sur les chantiers, générèrent chez moi une idée qui m’accompagne depuis, celle de la nécessité de la révolution.

Dès lors, je me mis à lire, juste pour comprendre : Trotsky, La révolution trahie, Le Manifeste de Marx et Engels, Malcom X, le Journal du Che en Bolivie (dont la seule chose dont  je me souviens c’est que là-bas les moustiques étaient féroces), la biographie de Emma Goldmann…

Quelques années plus tard, j’adhérais à la Ligue Marxiste Révolutionnaire, la LMR dont je restai membre actif, même quand, face aux vents contraires, elle se convertit en Parti Socialiste Ouvrier. Et ainsi de suite…

En fin de compte, ainsi que l’écrivait Léon Trotzky le 27 février 1940 -quelques mois seulement avant un autre 21 août, celui choisi par son assassin pour accomplir l’œuvre de Staline « si je devais recommencer, j’éviterais certaines erreurs, mais le cours général de ma vie resterait inchangé : je mourrai révolutionnaire prolétarien, marxiste matérialiste… »

Car, bien que l’engagement d’une vie -qui se poursuit malgré l’âge- n’ait pas donné les résultats escomptés, la nécessité absolue de la révolution, comme durant ces jours-là, demeure.

Sinon, ce sera la barbarie.

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Un commentaire

  1. La rubrique « Événements » serait très utile pour annoncer, rassemblements, manifs, expos, conférences, etc.

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